Succès déverrouillé !
Voilà maintenant onze jours que la campagne de financement participatif de Hollywood Death Race a pris fin. Mon premier jeu sur Kickstarter. Et une sacrée aventure. 235%, 1200 pledgeurs, 80 000€, sans compter toutes les personnes qui n’ont mis qu’un euro pour payer lors du PM, ou toutes les boutiques qui ont pris des pledges. C’est une belle réussite. Une très belle réussite, pour une petite boîte comme Mangrove et un « jeune » auteur comme moi. Et pourtant, j’ai failli ne pas le voir. Pourquoi ?
Parce que ma joie, durant la campagne, était sans cesse parasitée par les commentaires et réactions de quelques trolls odieux, irrespectueux ou gratuitement méchants, parfois même tout ça en même temps. Il est facile de dire « mais tu n’as qu’à pas y prêter attention ». Quand on est dedans, que ça arrive de partout, dans la pratique, c’est beaucoup plus difficile.

À posteriori, après avoir pris quelques jours de vacances et en regardant ça de plus loin et avec un œil plus frais, je réalise que ces tristes personnages ne représentaient guère plus d’1% des soutiens. Certains d’entre eux critiquaient même sur les réseaux sociaux sans avoir eu le jeu entre les mains et sans avoir l’intention de l’acheter. Classique. Mon erreur a alors été -sans doute- de les lire, de leur accorder une quelconque importance, alors qu’ils n’en méritaient aucune. D’autant qu’à côté de ça, nous avions aussi beaucoup de messages de soutien, de personnes hyper hypées par le jeu. Mais au final, le travail de sape de certains me minait plus que les encouragements ne… m’encourageaient, justement.
En tant qu’hypersensible, il m’a été difficile de me préparer à ce que ça allait provoquer chez moi. Pour être honnête, j’ai même un temps pensé à laisser tomber l’univers du jeu de société et à cesser de créer, pour ne plus être confronté à ces gens. Et c’est là leur pouvoir. Ils vouent une telle haine, une telle jalousie à toute personne faisant ce quelle aime et aimant ce qu’elle fait que leur venin peut contaminer les plus enjoués, les plus motivés, à force de morsures incessantes.

Mon expérience avec ces odieux personnages m’a réellement gâché une partie de cette aventure. Toujours critiques, jamais satisfaits, incapables de comprendre l’absurdité d’une comparaison entre Mangrove et CMON, incapables de faire preuve de la moindre empathie envers l’auteur, les illustrateurs ou l’éditeur, ils n’avaient que venin à cracher et fiel à répandre.
Pourquoi font-ils cela ? Quel but ? Quel intérêt ? J’ai choisi de ne plus me poser ces questions. J’ai choisi de laisser ces personnes dans leur ignorance crasse et de ne plus leur accorder le moindre crédit. J’ai choisi aujourd’hui de me concentrer sur celles et ceux qui m’ont encouragé, m’encouragent encore aujourd’hui.
Vous, qui m’avez soutenu sur Internet ou lors d’une rencontre sur un festival ou ailleurs, je ne vous remercierai jamais assez. Vous avez été un phare dans l’obscurité lorsque je doutais, lorsque j’hésitais à continuer. Que vous ayez été de parfait(e)s inconnu(e)s, des potes ou des ami(e)s, vous avez contribué à rétablir un équilibre essentiel à… mon équilibre, justement.
Aussi, je tenais à partager cette expérience ici. Parce que parmi mes contacts se trouvent d’autres auteurs, signés ou pas encore, qui à un moment ou un autre vont se trouver confrontés à ce genre de situation et qui, comme ça a été mon cas, ne seront pas forcément préparés pour. Vous allez certainement douter, grincer des dents, être attristés, blessés même peut-être, par certains propos, certains comportements. Et il vous sera sans doute alors difficile de passer outre, de voir plus loin.

Accrochez-vous. On passe outre. Les trolls disparaissent. Leurs messages, même s’ils ne s’effacent pas des murs où ils sont postés, s’effaceront bien vite de vos mémoires. Ils ne sont rien de plus qu’une nuisance ponctuelle. Un bouton sur le nez, une démangeaison. Puis ils retournent dans l’ombre. Et surtout, ils ne seront jamais aussi nombreux que les gens qui kiffent ce que vous faites, mais sans le crier sur les toits.
Si vous êtes auteurs édités, c’est que vous faîtes du bon travail. C’est que des gens croient en vous. Ne laissez pas une poignée de jaloux aigris vous faire croire le contraire. Si vous n’êtes pas encore édités, croyez-en vous, donnez-vous les moyens d’y arriver. Travaillez sans vous détourner et ça finira par payer. Ça en vaut la peine.
Aujourd’hui, je vois le résultat de cette campagne autrement. Je suis content du résultat. Je suis fier de mon jeu. J’ai imaginé et créé un jeu qui va être joué dans le monde entier par des milliers de personnes.
Et plus personne ne pourra me reprendre ça.
Phil